Cie Itinérrances
Christine Fricker
Fondée en 1991 à Marseille par Christine Fricker, la compagnie Itinérrances affirme sa volonté de mettre l’humain au cœur de ses projets ; une nécessité de plus en plus grande d’être traversée par des expériences qui parlent de la place du singulier dans le collectif.
Christine Fricker privilégie la rencontre avec les interprètes, en accordant une dimension fondamentale à leur personnalité, à la recherche d’une vérité de corps et de présence, sans fétichisation de la technique.
Elle s’appuie sur le fait que chaque danseur a sa propre signature corporelle et demande à ses interprètes de conserver leur liberté d’inventer dans une écriture qui demande une physicalité et un engagement fort sur le plateau.
Le choix des supports musicaux ainsi que la création d’univers sonores contribuent à la dramaturgie des pièces. Elle oscille, dans un balancement constant, entre théâtralité et abstraction, entre écriture chorégraphique et acte performatif. Ses obsessions : rechercher le vivant sur le plateau, questionner l'empathie du public, emprunter au passé pour inventer le présent.
Depuis quelques années, elle puise son inspiration dans le courant de la Post Modern Dance, la philosophie des artistes américains fondateurs (Anna Halprin, Yvonne Raine, Simone Forti...).
La compagnie Itinérrances a créé et diffuse de nombreuses pièces tout public, jeune public et participatives, tant en France qu’à l’étranger dans des théâtres mais aussi dans des espaces plus atypiques (espaces publics, écoles, musées, galeries...) dans le souci d'aller vers des publics peu familiers de l'art chorégraphique.
Sensible et à l'écoute, Christine Fricker a su consolider les liens qu'elle a construits depuis de très nombreuses années avec le monde de l'enseignement, le milieu associatif et les différents partenaires associés à ses projets. Riche de son expérience et réflexions, elle inscrit ses propositions comme références en matière d'Education Artistique et Culturelle. A travers ses concepts pédagogiques spécifiques, Christine Fricker porte une attention chaleureuse à « l'Etre » en tant que corps unique et singulier et engage le collectif dans un élan solidaire et constructif. Elle permet à chaque participant d'explorer son propre potentiel créatif, d'inventer, d'échanger et construire sa danse en toute confiance, en toute liberté. Sans dissocier la Création de la "Sensibilisation", les professionnels de sa Cie faisant partie intégrante des parcours, elle positionne l'accès à l'Art et la Culture comme un axe essentiel au développement de l'individu et notamment ici, la jeune génération. Elle lui permet de vivre une réelle expérience créative, expérience de vie où se déclinent tous les paramètres liés au spectacle vivant. Grâce à une participation active, une conception démocratique de l'atelier, chaque participant est invité à puiser au fond de lui le matériau singulier de sa propre création. La danse est un outil d'émancipation, permettant de mettre en mouvement imaginaire et sensibilité et de déplacer la personne afin de voir l'Autre et le monde autrement. Chaque proposition artistique de la Cie est pensée pour créer du lien entre l'Art et la Vie.
En 2015, Christine Fricker s'associe avec la compagnie MEAARI pour fonder le Pôle 164, lieu de résidence des deux compagnies. En 2018, celui-ci se restructure autour d'Itinérrances et continue d'affirmer sa démarche d'agir pour et avec les publics.
Ma démarche
Mes dernières créations ont été nourries par les démarches et valeurs des artistes Post Modernistes américains. J'utilise, de plus en plus, l'écriture partitionnelle qui met en lumière des choix personnels et privilégie le « comment » au « quoi » en encourageant une créativité non jugeante.
J'apprécie de ne pas façonner une forme mais d'être le déclencheur d'élans inventifs, toujours en lien avec la collectivité. Je suis, depuis plusieurs années, le témoin privilégié de la transcription en mouvements des imaginaires de chacun, du jaillissement de leur créativité qui nourrit la mienne.
Les projets participatifs me permettent de créer des communautés de danseurs qui sont invités à conjuguer singulier et collectif et à interpeler l'empathie des spectateurs.
Un autre sujet récurent de réflexion : la passivité coutumière du public. Comment l'initier à nos pratiques régulières, l'amener à être, lui aussi, sensible aux nuances du corps senti. J’invite, régulièrement, les spectateurs à être dans une approche sensorielle et pas seulement visuelle et/ou cérébrale pour qu’ils puissent être en empathie avec la proposition artistique que je leur soumets.
Les problématiques de diffusion et de médiation me poussent à chercher de nouvelles stratégies, à repousser mes limites, à mettre en résonance mes nécessités artistiques avec les contraintes actuelles pour ne pas les subir.
Le Pôle 164, par son échelle à taille humaine, sa flexibilité, me permet de belles circulations avec d’autres artistes locaux, nationaux et internationaux. Des projets collaboratifs y naissent et enrichissent mon parcours.
Christine Fricker